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En octobre 2024, une étude signée HSG (Université de Saint-Gall) pour Philoro révèle que les Suisses détiennent environ 200 tonnes de métal précieux, soit près de 15 milliards CHF—ce qui fait écho à leur confiance persistante dans l’or
1. Un or gardé à la maison : coffre, tiroir ou... jardin
L’une des particularités étonnantes révélées par l’étude est la façon dont les Suisses choisissent de conserver leur or. Bien qu’on imagine souvent que ces métaux précieux dorment dans les coffres-forts des banques, la réalité est plus terre-à-terre… ou plutôt plus “terreuse”.
Selon l’étude de la Haute école de Saint-Gall (HSG), près de 20 % des 200 tonnes d’or estimées sont conservées au domicile des particuliers. Certains optent pour des coffres-forts personnels, d’autres rangent leur or dans des tiroirs, ou même, plus surprenant encore, l’enterrent dans leur jardin.
Ce phénomène illustre une tendance forte en Suisse : la volonté d’autonomie et de contrôle direct sur son patrimoine. Un coffre dans sa cave ou un petit lingot bien caché procure à beaucoup un sentiment de sécurité, surtout en période d’incertitude économique.
2. Qui détient de l’or en Suisse ? Le profil-type du propriétaire
L’or est loin d’être un simple caprice de collectionneur. En Suisse, près de 22 % de la population affirme posséder de l’or sous forme de lingots ou de pièces. En moyenne, chaque propriétaire détient environ 101 grammes d’or, soit une valeur avoisinant 8800 francs suisses (au taux de juin 2025).
Ce chiffre exclut volontairement les bijoux, ce qui signifie que la quantité réelle d’or détenue par les ménages suisses est probablement encore plus élevée.
Ce profil-type du “petit épargnant doré” transcende les classes sociales : de nombreux Suisses considèrent l’or comme un héritage, une sécurité ou un investissement tangible, surtout ceux qui ont vécu ou entendu parler des turbulences monétaires des décennies passées.
3. L’or reste-t-il un investissement prioritaire ?
Même si les Suisses détiennent des quantités impressionnantes d’or, ils ne le considèrent plus comme l’investissement numéro un.
D’après l’étude, seuls 28 % des sondés placent l’or parmi leurs investissements préférés. Loin devant, on retrouve l’immobilier (48 %), suivi par l’épargne bancaire (34 %). Ces chiffres traduisent un glissement progressif des priorités : si l’or reste un “filet de sécurité”, il ne suscite plus l’engouement d’antan.
Cependant, il serait faux de croire que les métaux précieux sont passés de mode. 65 % des répondants estiment toujours que l’or constitue un investissement “sensé”, en particulier en période de forte inflation ou de tensions géopolitiques.
4. Or de secours ou or de spéculation ?
Traditionnellement perçu comme une valeur refuge, l’or était souvent gardé “au cas où” – pour faire face à un imprévu, une crise personnelle, ou même une situation de chaos économique.
C’est pourquoi 43 % des personnes ayant vendu de l’or déclarent l’avoir fait en situation d’urgence : un besoin rapide de liquidités, une perte d’emploi, ou un événement inattendu. Dans ce contexte, l’or joue un rôle de “matelas de secours”.
Mais cette tendance évolue. De plus en plus de particuliers choisissent aujourd’hui de vendre leur or par opportunisme : ils veulent profiter de la flambée des prix pour réaliser une plus-value. L’or n’est donc plus seulement une assurance, mais devient aussi un instrument spéculatif pour certains.
5. Les prix de l’or en envolée
L’envolée récente des prix a évidemment renforcé l’intérêt pour ce métal. Début mai 2025, le cours de l’or a franchi les 3445 dollars l’once, atteignant environ 90 000 francs suisses le kilogramme. Soit une hausse de 27 % depuis le début d'année !
Plusieurs facteurs expliquent cette hausse spectaculaire :
- la hausse de l’inflation mondiale,
- les tensions géopolitiques persistantes,
- le repli de confiance dans certaines monnaies fiduciaires,
- et la recherche d’actifs tangibles face à l’incertitude.
Ce contexte a incité de nombreux Suisses à réévaluer leur stratégie patrimoniale, certains en achetant davantage d’or, d’autres en vendant au bon moment.
6. Pourquoi l’or séduit toujours autant les Suisses ?
Malgré des alternatives modernes (actions, cryptomonnaies, ETF, etc.), l’or conserve une aura particulière en Suisse. L’étude identifie trois raisons principales à cet attachement durable :
- La stabilité : l’or est un actif tangible, non sujet aux faillites bancaires ni aux manipulations de taux. Il traverse les siècles.
- La protection à long terme : il agit comme un bouclier contre l’inflation et les pertes de valeur des devises.
- L’autonomie : à l’heure de la digitalisation extrême, l’or est l’un des rares actifs que l’on peut détenir en dehors du système bancaire.
Pour beaucoup, détenir de l’or, c’est conserver une forme de liberté patrimoniale. Et en Suisse, pays réputé pour sa prudence et son sens de la prévoyance, cela fait parfaitement sens.
Conclusion – L’or suisse, entre tradition et stratégie moderne
L’étude de HSG et Philoro confirme une chose : l’or reste profondément ancré dans la culture patrimoniale suisse. Bien qu’il ne soit plus en tête des investissements favoris, il conserve une place unique dans les portefeuilles – et parfois les caves – des particuliers.
Entre réflexe de prévoyance, attachement historique et calcul opportuniste, les Suisses adaptent leur relation à l’or à l’air du temps. Ce qui hier relevait de la transmission familiale ou de la peur de la guerre, devient aujourd’hui un choix stratégique face à l’incertitude économique mondiale.
La Suisse brille ainsi par une forme de résilience discrète, à l’image de son or : silencieux, stable, et toujours là quand on en a besoin.
Source article: HSG (Université de Saint-Gall) pour Philoro